Les entrepreneurs des quartiers en difficulté optimistes, d’après l’Adie

Les entrepreneurs des quartiers en difficulté optimistes, d’après l’Adie

Le ministère de la cohésion des territoires a affirmé son ambition de réduire l’écart entre le taux de chômage des quartiers en difficulté et celui national. La création d’entreprise constitue un élément de réponse pour l’ADIE, association qui accompagne des créateurs d’entreprise dans ces quartiers, et dresse leur portrait dans une récente étude.

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44 % d’entre eux sont… des femmes. Ce mois d’octobre, l’Adie, association spécialisée dans le micro-financement et l’accompagnement des entrepreneurs exclus du système bancaire, a publié une étude sur les entrepreneurs des QPV, quartiers prioritaires de la politique de la ville. L’enjeu est de taille, au regard de la situation de l’emploi dans ces quartiers  qui comptent 5,5 millions d’habitants : en 2015, le taux de chômage s’y élève à 26,4 % chez les 15 à 64 ans, et grimpe jusqu’à 35,9 % chez les 15 à 29 ans, d’après le rapport 2016 de l’Observatoire national de la politique de la ville. Des taux très largement supérieurs aux moyennes nationales, qui font de la création d’entreprise un enjeu central de la politique de la ville, d’après l’Adie. De fait, en 2015, le précédent gouvernement avait mis sur pied l’AFE, Agence France entrepreneur, pour favoriser le développement économique dans les territoires en difficulté, notamment en favorisant la création d’entreprises. Et le 17 octobre dernier, Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, a réaffirmé l’objectif de réduction du taux de chômage entre les quartiers prioritaires et la moyenne nationale, durant le quinquennat, devant la commission «politique de la ville» de l’Association des maires de France (AMF). L’Adie est déjà présente dans ces quartiers, avec des centres d’accueil. En 2016, l’association y a financé 3 483 personnes, dont 2 604 pour un micro-crédit professionnel, avec un montant moyen de 4 000 euros. Cela représente 23 % des personnes financées par l’association. Son étude dresse leur portrait : tout d’abord, le niveau de précarité des personnes accompagnées par l’Adie dans les QPV est plus élevé que la moyenne des entrepreneurs accompagnés par l’association. Par ailleurs, près de huit sur dix de ces entrepreneurs le sont à plein temps. Les autres cumulent la création d’entreprise avec une autre activité professionnelle, comme un emploi salarié, le plus souvent à temps partiel.

LE CHÔMAGE N’EST PAS LA SEULE MOTIVATION À CRÉER UNE ENTREPRISE

Du côté des motivations, la moitié des personnes accompagnées par l’Adie évoquent le chômage comme raison du démarrage de leur propre activité. Mais ce n’est pas, et de loin, leur seule motivation : neuf sur dix citent aussi une aspiration à l’indépendance. Et ils entendent également exercer un métier qui leur convient et donner un sens à leur vie. Dans leur démarche, 46 % d’entre eux déclarent avoir rencontré des difficultés pour trouver des financements. Et, plus largement, une large majorité (57 %) précisent ne pas avoir trouvé d’autre aide que celle de l’Adie, pour créer leur entreprise. Parmi les personnes accompagnées par l’Adie, près de sept sur dix estiment qu’ils y ont reçu de bons conseils, et 81 % jugent important d’avoir trouvé une antenne de l’association près de chez eux. Par ailleurs, 70 % de ces entrepreneurs pensent que créer sa propre entreprise dans les quartiers n’est pas plus compliqué qu’ailleurs. Un environnement auquel ils tiennent : 78 % d’entre eux déclarent aimer leur quartier. D’après l’étude, la création de l’entreprise est vue comme un motif de fierté pour 79 % des entrepreneurs accompagnés qui travaillent dans leur quartier de résidence, une proportion qui monte à 93 % lorsqu’ils travaillent hors du quartier. Mais l’activité de ces entreprises est de toute façon souvent ouverte sur le territoire. Si pour les trois quarts, les entreprises créées le sont dans le quartier de résidence de leur fondateur, 69 % des entrepreneurs exercent leur activité auprès d’une clientèle en dehors de cette zone. Autre particularité, ils sont 85 % à être optimistes quant à l’avenir, et 71 % d’entre eux pensent développer leur entreprise dans les 12 mois prochains. Avec un effet d’entraînement, d’après l’Adie, puisque la moitié de ces personnes déclarent avoir influencé amis ou famille, pour qu’ils se lancent à leur tour dans l’aventure… L’Adie a pour objectif d’augmenter de 30 % le nombre d’entreprises qu’elle accompagne ou finance dans ces quartiers, d’ici 2020, notamment en ouvrant huit nouvelles antennes dans les deux prochaines années.