Conjoncture

Les besoins de main d’œuvre en Moselle

Si le contexte pandémique bouscule bien des repères et préfigure d’un monde post-Covid profondément modifié, les projets de recrutement des entreprises, même s’il peuvent être différés, restent réels. De nouveaux vont apparaître. Mais à l’observation des données de 2020, on demeure sur du classique en postes recherchés. La tendance devrait rester la même pour cette année.

La crise a bousculé le marché de l'emploi, laissant poindre une nouvelle donne.
La crise a bousculé le marché de l'emploi, laissant poindre une nouvelle donne.

Qui aurait pu prédire qu’en 2020, sous l’influence d’une crise sanitaire mondiale, que les cartes pourraient être ainsi rebattues ? Si l’on devinait fin 2019 un début de récession économique avec un ralentissement notable de la croissance en France, personne n’avait anticipé la potentialité d’un coup d’arrêt tel que celui que nous avons vécu au premier semestre 2020. Gel des recrutements dans de nombreux secteurs, chute de plus de 50 % des offres d’emploi diffusées, effondrement du travail temporaire, révision à la baisse des projets de recrutements annoncés pour le second semestre : le marché de l’emploi a connu un retournement sans précédent. Bien sur, la montée en puissance de la digitalisation, du e-commerce, du télétravail vont amener des professions à évoluer, voire à se créer, dans la gestion et l’encadrement de ces «nouveautés » boostées par l’adaptation à la crise sanitaire. Toutefois, en matière de recrutement, les grands classiques demeurent. C’est ce que nous montre l’Observatoire 2020 de Pôle Emploi en termes des besoins en main d’œuvre en Moselle. Il demeurent les métiers ayant peu de difficultés à trouver preneur et ceux dits «en tension». 6 700 : c’est le nombre d’offres déposées par les entreprises mosellanes auprès du service public de l’emploi l’année écoulée.

Les projets de recrutements. Le trio de tête se composait en 2020 des aides-soignants (250), des aides à domicile et aides ménagères (240) et des employés libre service (220). Dans le top 10 des métiers les plus recherchés par les employeurs : ouvriers en métallerie et serrurerie, manutentionnaires, agents de sécurité et de surveillance, serveurs de cafés restaurants, jardiniers, aides et apprentis de cuisine, employés polyvalents de restauration, conducteurs routiers, attachés commerciaux, plombiers, chauffagistes.

Les métiers prisés. Dans les difficultés moindres à recruter, plusieurs métiers apparaissent comme facilement pourvus. On retrouve dans cette catégorie caissiers, vendeurs en ameublement-équipement du foyer-bricolage-, conducteurs et livreurs sur courte distance, jardiniers, employés de banque et des assurances, agents de services hospitaliers. Chacun de ces métiers affiche un taux de difficultés à recruter inférieur à 20 %.

Les métiers en tension. Ceux-ci affichent des difficultés à recruter dépassant les 60 %, parfois allant jusqu’à 100 %. A ce niveau, on peut parler de pénurie de main d’œuvre. Ce sont les postes d’aides à domicile et aides ménagères, plombiers et chauffagistes, conducteurs routiers, employés de maison et personnels de ménage, boulangers et pâtissiers, infirmiers, coiffeurs et esthéticiens. Dans ce tableau, on trouve aussi les métiers de couvreurs, monteurs et ajusteurs, maraîchers et horticulteurs, maçons et soudeurs. Ainsi que des postes à la technicité spécifique : ouvriers qualifiés dans l’enlèvement du métal ou non qualifiés des industries agro-alimentaires ou chimiques et plastiques.

Le cas des saisonniers. Plusieurs métiers emploient leurs collaborateurs selon la variabilité des saisons, l’événementiel dont ils dépendent et leurs cycles de fonctionnement : agents de sécurité et de surveillance, jardiniers, professions de l’animation socio-culturelle, agents d’accueil et d’information. Ils rencontrent généralement peu de difficultés à être pourvus. Ce n’est pas le cas des employés de l’hôtellerie et des maraîchers et horticulteurs.

De manière générale, la crise sanitaire a permis de constater la corrélation entre les métiers porteurs en 2020 et ceux vus comme porteurs en 2025 (IT, services à la personne, marketing digital, ingénierie et métiers techniques industriels, commerce) et les métiers qui se sont révélés centraux durant la crise du coronavirus. L’épidémie aura fait apparaître le manque de personnel dans le secteur médical et paramédical (infirmiers, urgentistes, aides-soignants), déjà souligné par les acteurs de l’emploi depuis de nombreuses années. Par ailleurs, les professionnels du secteur des transports et de la logistique se sont également révélés indispensables au maintien de l’acheminement des produits de première nécessité, tandis que les experts informatiques assuraient la continuité de l’activité des entreprises à distance et le bon fonctionnement du commerce en ligne. 

Recul du désir de mobilité

D’un marché largement favorable aux candidats qualifiés et aux cadres jusqu’à début 2020, le marché se révèle moins porteur d’opportunités. Le nombre d’offres d’emploi ayant largement diminué sous l’impact du choc économique provoqué par la crise du Covid-19, un changement de comportement des professionnels et candidats à l’emploi a été constaté. Alors que de nombreux cadres en poste restaient ouverts aux opportunités jusqu’alors, peu aspirent aujourd’hui à la mobilité dans un contexte encore tendu, et manquant de lisibilité. Les professionnels en période d’essai attendent que la tempête passe, tandis que les candidats en recherche d’emploi se trouvent face à une concurrence accrue sur de nombreux postes et métiers porteurs (comptabilité, RH, assistanat technique). Le volume d’offres d’emploi disponibles reste en effet largement inférieur à ce qu’il était à la même période il y a un an de cela (en moyenne – 25 %). En conséquence, le phénomène de guerre des talents observé depuis plusieurs années, particulièrement sur les métiers à forte technicité (cadres commerciaux, ingénieurs informatiques, experts de la Finance notamment), se trouve atténué par ce retour à un semblant d’équilibre entre offre et demande. Si les difficultés de recrutement persistent par exemple sur les métiers de l’ingénierie ou de l’IT, en tension depuis plus de 10 ans, le ratio «demande des entreprises/offre de candidats» se resserre dans le contexte actuel. 2021 ne ressemblera à aucune de ses devancières.