Le recyclage des déchets électriques tourne au ralenti

Christian Brabant, directeur général  d'Ecosysteme, lors de la présentation du bilan 2019 de l’activité. Crédit Photo : A.DAUBREE.
Christian Brabant, directeur général  d'Ecosysteme, lors de la présentation du bilan 2019 de l’activité. Crédit Photo : A.DAUBREE.

Gardez vos vieilles lampes et vos piles usagées à la maison ! Ecosystème, l’éco-organisme qui gère la collecte et le recyclage des DEE, déchets d’équipements électriques et électroniques, tourne au ralenti et reporte ses appels d’offre.

L’eau de la lagune de Venise aura rarement été aussi transparente : en ralentissant l’activité économique, la crise du coronavirus fait mécaniquement diminuer la pollution. Mais elle risque aussi d’en engendrer, car elle impacte durement la  filière de la collecte et du recyclage des déchets.  En particulier, c’est le cas pour les DEE, déchets d’équipements électriques et électroniques : Ecosystem, l’éco-organisme qui en est chargé, a réduit ses activités à l’essentiel. Il assure principalement une continuité de service lié au ramassage des déchetteries, restées ouvertes pour les professionnels, et de quelques plateformes de livraison. Pour le reste, la logistique est réduite, la plupart des opérateurs et des centres de recyclages sont à l’arrêt.

Quant aux collectes solidaires en ville, organisées par exemple avec Emmaüs, elles ont elles aussi été suspendues. Depuis le 25 mars, Ecosystem a appelé les Français à conserver leurs vieux équipements électriques et électroniques à la maison. Il ne faut ni les apporter dans une déchetterie – à supposer qu’il en reste d’ouvertes- ni dans les grandes surfaces alimentaires. «Il ne faut pas jeter ces objets dans les ordures ménagères ou sur le trottoir, car ils contiennent des produits polluants», prévient l’éco-organisme. Lequel a progressivement pris plusieurs mesures pour s’adapter au confinement, comme le paiement accéléré de factures de fournisseurs, et la sécurisation de l’activité des opérateurs. De plus, un appel d’offre prévu ce mois d’avril concernant des marchés de logistique, de regroupement, de transport et de traitement de 475 000 tonnes d’équipements, a été reporté à janvier 2021. En attendant, les contrats existants seront prolongés de 12 mois.

Je continue de donner mon téléphone ..

Pour les particuliers, un service – en mode dégradé –  demeure actif : ils peuvent envoyer leurs téléphones portables hors d’usage, via  le site Internet jedonnemontelephone.fr. Le principe : permettre à chaque consommateur de se débarrasser de son smartphone, sans craindre une éventuelle utilisation indélicate de ses données personnelles, et en lui garantissant un avenir utile. Les appareils sont traités par les Ateliers du Bocage, une structure d’insertion. Ils sont débarrassés de leurs données personnelles, remis en état, et distribués à un public qui en a besoin.

Par le simple bouche-à-oreille, le site avait déjà reçu quelque 1 300 téléphones. Il a ensuite  été  officiellement lancé par Ecosystème, le 5 mars, à Paris, à l’occasion  d’une conférence de presse de présentation du bilan d’activité  2019 de l’organisme. L’an dernier, ce dernier a collecté  604 000 tonnes  de DEE, soit 5% de plus que l’année précédente. Le tonnage total  correspond à 138 millions d’objets, dont environ 58 millions de lampes. En termes de bilan environnemental, cela représente, par exemple, une économie de 4 millions de tonnes des ressources minérales, soit l’équivalent du volume nécessaire à la production de 10 millions d’ordinateurs.

D’après une étude Elabe, pour Ecosystem, les Français, massivement convaincus de l’urgence de la cause écologique, sont 70%  à  juger utile de trier leurs déchets. «Les impacts de plus en plus visibles du réchauffement climatique, comme les  incendies en Amazonie, en Australie, les épisodes météorologiques français ont déclenché une prise de conscience. Les Français perçoivent désormais que les enjeux environnementaux touchent à leur santé, et donc, l’environnement devient une priorité pour tous», avait commenté Christian Brabant directeur général  d’Ecosysteme. Une bonne base de départ, pour reprendre les habitudes après la crise.

Anne DAUBREE

Pendant le confinement, on joue à la chasse aux piles …

Pour préparer la suite, Corepile, éco-oganisme en charge du recyclage des piles et batteries, invite les familles à se lancer à une chasse aux piles usées qui restent très souvent au fond des  placards. La démarche est assortie d’un jeu et l’objectif final consiste à apporter les piles trouvées dans les points de collecte, après la fin du confinement. (https://www.jerecyclemespiles.com).