Le Bistrot de Pierre : les irréductibles de Nancy

Installé depuis 2013 au 1 rue Saint-Nicolas à Nancy, Le Bistrot de Pierre entend continuer à afficher sa différence en prônant la véritable cuisine de bistrot.
Installé depuis 2013 au 1 rue Saint-Nicolas à Nancy, Le Bistrot de Pierre entend continuer à afficher sa différence en prônant la véritable cuisine de bistrot.

Le Bistrot de Pierre, institution culinaire nancéienne installée depuis 2013 du côté du 1 rue Saint-Nicolas, entend continuer à défendre farouchement son approche partageuse et naturelle d’une cuisine de bistrot trop souvent aujourd’hui récupérée et montée en sauce marketing et mercantile. François et Pierre Marcuzzi, le duo père-fils à la tête de l’établissement, sont entrés en résistance…

Ne leur parlez pas de bistronomie, contraction des mots «bistrot» et «gastronomie», un pseudo en vogue aujourd’hui chez bon nombre de restaurateurs. Chez eux c’est «de la cuisine de bistrot, on est là pour manger, pas pour grignoter», assurent en cœur François et Pierre Marcuzzi. Le père et le fils sont à la tête du Bistrot de Pierre depuis 2013, dans les anciens locaux de l’épicerie Le Gaulard dont la façade extérieure a été préservée tout comme une bonne partie de la déco intérieure. «C’est toute mon enfance, je suis né rue Saint-Julien, impossible de ne pas garder l’âme de l’établissement ! C’est un tout.» Un brin nostalgique, le père François quand il explique l’une des raisons de son installation dans ce véritable petit village nancéien où les petites ruelles adjacentes fleurent bon le dépaysement. La halte n’est pas forcée mais naturellement conseillée du côté de ces irréductibles défenseurs d’une cuisine familiale et de terroir baignant dans une ambiance mêlant bouchon lyonnais et bistrot typiquement parisien d’antan. «C’est une âme, une philosophie de vie que l’on tente de faire redécouvrir dans les assiettes et partager avec les convives», assure le fils Pierre au piano à chaque service tandis que le paternel assure en salle avec un sens de l’accueil certain en toute familiarité. Les bons mots, les bonnes vannes, les petites piques bien senties sont légion, ce qui ajoute à la belle addition d’un menu (écrit à la main à la craie blanche sur un tableau noir) toujours composé de produits naturellement frais en circuit court et le plus souvent possible auprès des producteurs locaux, «le micro-ondes et le congélateur, ce n’est pas vraiment notre truc.»

Cuisine à l’ancienne sans chichis

Mignon de porc à la moutarde à l’ancienne, tartare de charolais, bavettes grillées en passant par l’andouillette de la maison Bobosse, le filet de Julienne meunière et les incontournables escargots à la recette de la maison Gaulard, la liste est longue et salivante. «Il n’y a pas de miracle, c’est juste de la bonne cuisine à l’ancienne sans chichis», assure le chef qui est arrivé derrière les fourneaux presque par hasard. De formation supérieure en gestion de logistique et d’organisation, il a fait ses armes comme serveur en salle avec la première affaire gérée avec son père où ils ont fait les beaux jours de feu le restaurant «Le Pavé» à Nancy. «Naturellement, je suis passé au piano. J’aime la cuisine, j’aime bien manger et j’aime partager.» La recette gagnante où le fruit de la passion authentique et sincère fait toute la différence. Un esprit, une âme sublimée dans un décor de bistrot à l’ancienne aux serviettes à gros carreaux rouge où les banquettes en bois savamment agencées, pour assurer une certaine promiscuité tout en préservant une intimité parfois recherchée, s’inscrivent sur le sol aux carreaux noir et blanc digne de la «Noiraude». Les vieilles BD installées le long des banquettes accompagnent comme de vieux amis bienveillants celles et ceux qui s’attablent pour un moment de partage et de convivialité. «Tout est là ! C’est le partage, la découverte de vrais plats typiques et à l’ancienne même si cela est devenu parfois difficile car les gens aujourd’hui ont le palais complètement aseptisé.» François Marcuzzi pointe du doigt l’évolution actuelle d’une certaine forme de restauration «face à laquelle des établissements comme le nôtre se doivent de résister.» Avec pas loin de six cents établissements mentionnant une activité restauration, la ville de Nancy s’affiche comme la deuxième en termes de nombre d’établissements après Paris. Pour continuer à avoir sa place ? «Il faut être à part ! Proposer les produits que les autres n’ont pas tout en les préparant avec passion pour partager l’envie.» À part, Le Bistrot de Pierre l’est et entend bien continuer à l’être pour continuer à résister…