L’appel de la fenêtre… citoyenne

L’appel de la fenêtre… citoyenne

Avec son ouvrage «de ma fenêtre citoyenne» (paru aux éditions mirabelles & piments), Rémy Nelson, journaliste nancéien et «citoyen du monde», nous offre ses chroniques, ses coups de gueule sur le monde et les hommes comme un appel au dialogue, au partage d’idées et du reste pour que le vivre-ensemble l’emporte enfin.

La voix est posée, chaleureuse, forte et pleine de jolis mots de conviction humaniste. Solidarité, fraternité, république, liberté résonnent dans son timbre sans pareil. Pendant plus de vingt ans il l’a posée sur la tranche de l’actualité de ce qui s’appelait encore Radio Jérico devenue RCF Lorraine, la radio du diocèse de Nancy. Informer, partager, décrypter les faits et méfaits locaux et surtout tendre son micro pour faire entendre les gens, tous les gens, dans leur différence, celle qui fait la richesse éternelle de ce monde. Rémy Nelson, de son vrai nom Rémy Mouenkoula (son pseudo fait référence à Nelson Mandela et vous comprenez mieux pourquoi lorsque vous le rencontrez), est «journaliste pour toujours et migrant au sens fort du voyage.» Deux facettes de l’individu mais celle qui prime par-dessus tout, est celle de citoyen, «de citoyen du monde.» Rémy a grandi au Gabon auprès d’un grand-père instituteur et pêcheur. «Dans le ciel, il me montrait les avions et il me disait qu’ils me permettraient d’aller voir ailleurs et qu’aller voir ailleurs était nécessaire pour se nourrir sans cesse de l’autre.» Alors, il est allé voir ailleurs ! D’abord à Bordeaux où il fait son droit. Après son service militaire, il signe chez les bérets rouges au 1er régiment de parachutistes de Tarbes, connaît les terrains de guerre au Liban au sein de la Finul (Force intérimaire des Nations Unies au Liban) et d’ailleurs avec dans ses souvenirs les images de l’horreur des conflits et de la connerie des hommes qu’il n’aura de cesse, à sa façon, de combattre. Sans haine ni animosité mais avec ardeur en brandissant ce bel étendard du vivre-ensemble en faisant raisonner les différences, les additionnant plutôt que de les opposer pour que les hommes puissent cohabiter harmonieusement : «Les différences ne tuent pas, elles t’enrichissent. Nous sommes tout de même là sur cette terre pour vivre ensemble.»

OUVERT À LA DIVERSITÉ

Arrivé à Nancy en 1990, il y découvre une ville ouverte, cosmopolite, humaniste tout comme lui ! Son métier de journaliste lui fait découvrir les femmes et les hommes dans leur diversité, des rencontres dont il se nourrit chaque jour pour trouver un certain équilibre où l’autre est toujours omniprésent. S’il a lâché le micro de RCF, il garde la main sur l’information et la communication du diocèse de Nancy-Toul en sa qualité de journaliste multimédia. Le fil de l’info le suit toujours, à jamais, mais il lui manquait un petit quelque chose. «Notre mission est d’informer mais cela ne nous empêche pas de penser.» Pendant sept ans, chaque jour ou presque, il noircit des carnets où il y consigne méthodiquement des chroniques à chaud sur tous les fronts et faits de société. Présidentielle, islam, racisme, terrorisme, attentat, Trump, tout y passe, presque comme un exutoire, une soupape supplémentaire de liberté mais surtout un appel au dialogue, au débat le vrai, le constructif. «J’ai laissé une partie de la rigueur journalistique pour suivre le sillage plus vagabond des emportements immédiats. Ceux qui provoquent des réveils épidermiques, face aux mots, aux actes, et aux images.» Et surtout ceux qui l’interpellent, lui, «l’enfant d’Afrique fier de ses origines, ce citoyen aux aguets, cet insatiable curieux des autres et l’adversaire irréductible de toutes les discriminations.» Ses réactions à chaud, ses coups de gueule, il les partage aujourd’hui dans son ouvrage «De ma fenêtre citoyenne» (paru aux éditions Mirabelles & Piments, disponible à la Librairie de l’Asnée 11 rue de Laxou au Domaine de l’Asnée à Villerslès-Nancy). Un nouvel opus après celui de 2012 sous le titre de «Mirabelles et Piments» (du nom de l’émission de radio qu’il a animée pendant des années) où il croque de belles façons des Nancéiens d’origine africaine «mais citoyens du monde avant tout» venus s’installer dans la cité ducale. Faire voir, entendre, comprendre, cohabiter, marier les différences pour les rendre plus belles ensemble. C’est la ligne bleue de l’horizon de Rémy Nelson qu’il entend atteindre tous les jours depuis sa fenêtre citoyenne.