La transmission familiale, loin d’être automatique

La transmission familiale, loin d’être automatique

Chaque année, environ 10 000 pme sont transmises dans un cadre familial, mais des freins demeurent dans ce type de démarche, d’après l’observatoire de la banque BPCE. Pour celui-ci, ces entreprises présentent de meilleures performances que les autres trois années après la transmission.

Enjeu majeur pour l’économie, la transmission d’entreprise pré- sente des formes spécifiques lorsqu’elle se déroule dans un cadre familial. Le 11 octobre, à Paris, la banque privée 1818 et l’Observatoire de la banque BPCE, qui a consacré une étude spécifique à ce sujet, dressaient un état des lieux de la situation. D’après l’étude, on compte environ 10 000 transmissions de PME familiales par an, soit environ 17 % des cessions. Mais toutes les entreprises familiales ne sont pas également concernées. Ainsi, ce type de cessions est plus fréquent dans des entreprises d’une certaine taille (entre 20 et 249 salariés). «Plus la PME est grande, plus il y a une aspiration à la transmettre dans un cadre familial», explique Alain Tourdjman, directeur des études du groupe BPCE. L’opération apparaît alors plus gratifiante socialement pour le potentiel parent repreneur. Elle offre aussi plus de possibilités, pour celui qui transmet, d’en retirer un capital financier qui lui assurera une retraite ou de réinvestir dans une autre entreprise. A contrario, dans les TPE (très petites entreprises), le niveau de transmission familiale est plus faible, et dépend plutôt des opportunités. Le taux de transmission familiale diffère aussi selon les secteurs. En particulier, il est plus élevé dans le commerce de détail, ou les transports.

LES ENTREPRISES HÉRITÉES SE TRANSMETTENT PLUS EN FAMILLE

Autre paramètre qui pèse sur le choix d’une transmission familiale, révèle l’étude, la plus ou moins grande osmose entre l’entreprise et la vie familiale. Ainsi, chez les dirigeants de plus de 50 ans, la volonté de transmettre à ses proches est d’autant plus grande que l’entreprise a déjà été héritée des générations précédentes, ou lorsqu’un parent est déjà opérationnel dans l’entreprise. Cette volonté concerne 60 % des dirigeants de ce type d’entreprises. A contrario, «pour les PME créées ou reprises, ou qui ne comptent aucun membre de la famille dans l’entreprise, cette aspiration est beaucoup plus faible», note Alain Tourdjman. Dans les PME créées, il ne concerne que 37 % des dirigeants. Toutefois, dans aucun type d’entreprises familiales, les dirigeants n’excluent d’autres solutions de reprise, qu’il s’agisse de céder à une personne physique ou morale. Et la voie familiale n’est pas la première citée par les dirigeants questionnés dans l’étude qui envisagent une cession dans un avenir proche. Ils ne sont que 25 % à évoquer cette solution, contre 47 % qui citent les concurrents et des personnes physiques hors famille. Bref, «le fait de transmettre au sein de la famille ne va pas de soi. (…)  Nous ne sommes pas dans un modèle de transmission familiale automatique», conclut Alain Tourdjman. Trois freins à la contrarier sont majoritairement cités par les dirigeants interrogés : tout d’abord, près de la moitié évoquent celui de ne pas identifier un héritier potentiel pour reprendre l’entreprise au sein de la famille, même si celle-ci compte des enfants. Suivent la difficulté à assurer l’équité de la transmission au sein de la famille et la nécessité de vendre pour s’assurer une retraite. Une analyse confirmée par Catherine Costa, directrice du pôle «solutions patrimoniales» de la banque privée 1818. «Ce sont des opérations qui doivent être anticipées. C’est la clé des transmissions réussies. Six mois avant, c’est trop tard», met en garde cette spécialiste.

TERRITOIRES RURAUX PARTICULIÈREMENT CONCERNÉS

D’après les résultats de l’étude de l’Observatoire, l’enjeu de la réussite des transmissions d’entreprises familiales est vital pour certains territoires. En effet, les taux de survie à trois ans des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire), après une transmission familiale, sont supérieurs aux autres. L’écart est particulièrement marqué pour les entreprises de 10 à 49 salariés : le taux de survie s’élève à 93 % pour celles qui restent dans le giron familial, et à 71 % pour les autres. Et la tendance va dans le même sens, concernant la croissance des effectifs. Et sur le territoire, «dans certains départements, qui ne sont pas proches des grandes métropoles, le rôle de la transmission familiale est décisif (…). Elle assure le maintien d’une base industrielle», précise Alain Tourdjman. C’est en particulier le cas dans les Ardennes, le Gers, la Haute- Savoie et les Vosges, où les taux de transmission familiale des entreprises sont particulièremen