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La révolution des bureaux est en marche en Moselle

Pour une entreprise, les bureaux représentent une charge très importante. C’est même le premier poste de dépenses après la masse salariale. Dans le contexte de la crise pandémique, l’immobilier d’entreprise est appelé à de profondes mutations. En ce début d’année, comment s’orientent les prix des bureaux en Moselle ? Comment s’esquisse le paysage des bureaux du «monde d’après» dans le département ? Éléments de réponse. Leitmotiv : adaptabilité et flexibilité. 

La crise sanitaire accélère les nouvelles stratégies immobilières des entreprises.
La crise sanitaire accélère les nouvelles stratégies immobilières des entreprises.

126. C’est le prix moyen (€ HT-HC/m²/an) en janvier d’un loyer de bureau en Moselle. Un chiffre en recul de 0,8 % en un an. En revanche, la hausse est de 9,8 % sur deux années. Pour une entreprise, outre des coûts de loyers, s’ajoutent des charges locatives et de nombreuses dépenses supplémentaires inhérentes au fonctionnement (taxe bureau, taxe foncière…) alourdissant encore la part qu'elle représente sur le budget global. D’autant qu’avec la crise sanitaire, leur chiffre d’affaires et leur trésorerie ont été bien souvent fortement impactés.

Le télétravail bouleverse la donne

Près de deux ans après le début de la pandémie, beaucoup d'entreprises doivent composer entre incertitude économique - malgré une reprise constatée - et des salariés oscillant entre vie au bureau et télétravail. Cette dernière tendance est appelée à prendre de l’ampleur dans les années à venir. Certes, travailler à temps plein de chez soi ne deviendra pas la norme, mais le fait de travailler uniquement au bureau va aller en s’amenuisant. En effet, la nouvelle génération de travailleurs, ceux que l’on appelle les «digital natives» va accélérer le process. Ces nouveaux entrants se caractérisent par une appétence à travailler de manière atomisée : au bureau, à la maison, dans un tiers-lieu, en coworking. Le bureau tel qu’on le connaît restera tout de même ce lieu essentiel pour les salariés : espace collaboratif, d’échanges, d’interaction, de socialisation, partage de valeurs communes et de la philosophie d’entreprise.

Des locaux vides, mais des loyers à devoir

Ces derniers mois, les entreprises ont accueilli moins de salariés en même temps, de nombreux postes, voire des bureaux entiers, se retrouvent désormais inoccupés. Plus d’espaces vides mais des loyers qui continuent à courir pour des surfaces devenues trop grandes et des bureaux inutilisés. Les entreprises doivent repenser leurs bureaux afin d’accompagner au mieux cette transformation à la fois humaine et organisationnelle et alléger le poids du locatif dans leurs charges pour générer des économies. Il est donc clair aujourd’hui que l’outil immobilier est un formidable levier d’optimisation budgétaire. Car, si l'organisation du travail en présentiel/distanciel permet aux entreprises de libérer de l'espace, elles doivent également opérer de nouveaux arbitrages pour rendre leurs bureaux utiles et attractifs pour leurs salariés mais également pour réduire ou modifier drastiquement les coûts liés à leur location. Bien sûr, elles peuvent tenter de renégocier leur bail afin d’obtenir une baisse de loyer et diminuer leurs coûts inhérents à la location de ces bureaux.

Le salarié n'a plus son bureau attitré

Mais ce n’est pas une solution optimale et aisée, les propriétaires étant peu enclins, d’une manière générale, à revoir les termes des baux déjà signés. Certaines entreprises l’ont compris et ont mis en place de nouvelles solutions et organisations comme notamment le passage au flex-office (les employés n’ont plus de bureau attitré). Cela leur a permis de diminuer le nombre de postes utilisés (par exemple un même poste pour deux salariés) et de réaliser, lorsqu’elles étaient en fin de bail, des économies de loyer en déménageant et en louant moins de mètres carrés. Elles peuvent aussi et surtout tirer profit de ces nouvelles tendances en répondant à une demande de bureaux partagés du marché et générer, par là même, de véritables revenus. Entre télétravail et besoin de contact/rencontres, déplacements ponctuels ou de moyenne durée, travailleurs nomades en quête de bureaux satellites, ou encore indépendants à la recherche de bureaux temporaires ou de passage… les entreprises peuvent transformer leurs charges locatives en un flux de revenus.

Le partage de bureaux entre entreprises

Mettre à disposition une partie de ses bureaux à d’autres entreprises, du même secteur ou non, est une réponse de bon sens et une coopération à cette évolution globale des modèles de consommation d’immobilier professionnel. En mettant à disposition les espaces de travail disponibles à d’autres organisations, l’entreprise apporte des solutions essentielles à d’autres acteurs économiques, notamment une véritable alternative aux baux 3-6-9 si redoutés car peu flexibles. Les parties prenantes partagent les frais et services et diminuent par conséquent le coût liés aux bureaux. Cette solution est idéale car l’offre de location et de gestion est souple, n’engage pas les parties pendant plusieurs années et permet à chacun d’évoluer et de grandir à son rythme. C’est la raison pour laquelle les plus petites structures et les start-up optent de plus en plus pour des colocations d’entreprises ou de la sous-location d’espace de travail. Un nouveau marché dopé par la crise et appelé à suivre une courbe exponentielle.

La Moselle dans la France des bureaux

La Moselle occupe le 37e rang dans le classement des départements hexagonaux quant au prix moyen d’un loyer de bureau (€ HT-HC/m²/an). Avec 126 €, le département avoisine les prix pratiqués dans le Calvados, l’Isère, la Meurthe-et-Moselle. Rien de comparable avec les prix affichés à Paris : 501 €. En un an, les prix en Moselle ont baissé de 0,8 %. L’un des rares départements à voir un repli des prix, comme le Loiret, la Meurthe-et-Moselle, l’Oise ou l’Essonne.