La Moselle, terre de startups

La Moselle, terre de startups

La crise actuelle, aux horizons bien incertains, va invariablement voir pousser le nombre de créations d’entreprises. Avec des néo-dirigeants mus par une double volonté : s’accomplir en se lançant dans l’aventure ou trouver un échappatoire. Cet élan entrepreneurial ne doit pas occulter une réalité. Créer sa société, cela ne s’improvise pas. Devenir gérant, non plus. Cela vaut pour le modèle des startups. Quel est le paysage de ces jeunes pousses en Moselle ? Éléments de réponse.

Syslor, 45-8 Energy, Fair And Smart, Defymed, Vivoka, Yupeek, Vazee, Xtramile, Loxam, Musicteacher, Nelio, Efluid, Technopoint… Quelques-unes des entreprises répertoriées dans la galaxie des startups en Moselle. En termes d’incubateurs et d’accélérateurs, le département s’impose comme une bonne rampe de lancement pour faire décoller et optimiser cet écosystème multiforme, apparaissant souvent comme une nébuleuse. La plateforme web MyFrenchStartup fait référence dans l’univers de cet entrepreneuriat cosmopolite. Elle recensait, selon les critères définis, quelque 160 startups en Lorraine, dont une trentaine en Moselle. La French Tech s’avère dynamique, comptant selon les données récentes, plus de 10 000 startups dans le périmètre hexagonal. 51 % d’entre elles sont localisées en région parisienne, suivie par Auvergne-Rhône-Alpes (11 %) et l’Occitanie (7 %). La Lorraine pèse 1 % de ce total national. Dans notre région, comme ailleurs, et ce n’est pas une surprise, le domaine le plus représenté est celui des technologies de l’informatique et de l’information, suivi des services aux entreprises et de l’électronique. Le secteur des Biotech est en phase ascendante. Culture, mode et restauration restent des marqueurs forts de la notoriété française à l’international. Les startups nationales travaillent à près de 40 % dans des domaines destinés au grand public. Les biens pour les professionnels ciblant les particuliers et le commerce interentreprises représentent 30 % et 20 % du marché. Un constat se retrouve de façon constante sur les territoires : la création de startups reste majoritairement masculine. 15 % sont gérées par des femmes. Autre fait à noter, et c’est flagrant quand on observe le profil des startupers en Moselle : la large majorité est titulaire d’un master, d’un titre provenant d’une école de commerce ou d’ingénieur.

Des réussites et des promesses

La plupart des fondateurs entament leur parcours entrepreneurial jeunes, au sortir des études. Plus du tiers est âgé de 25 à 29 ans. Ici, on reconnaîtra le portrait-robot du startuper mosellan. Dans la genèse de leur création, 6 fondateurs sur 10 s’associent avec un groupe d’amis ou des personnes connus lors de leur cursus d’études. Côté finances, le budget initial d’une startup est principalement tourné vers les ressources humaines, pour le recrutement et le paiement des salaires. Le manque de liquidités demeure un frein majeur, devant la difficulté à faire connaître la marque et l’approche marketing. Le nerf de la guerre est là : générer du chiffre d’affaires et lever des fonds régulièrement pour pérenniser ce modèle économique. En Moselle, ces derniers mois, plusieurs startups ont réussi cette opération. Un quatuor se dégage en la matière. Syslor, implantée à Metz (et au Luxembourg) a levé 1 million d’euros le 30 octobre dernier. Plusieurs investisseurs en capital risque y ont contribué : Eurovia Innovation Venture, Fayat Acceleration Startups, Groupe ILP, Bpifrance et d’autres partenaires publics. Plus antérieur dans le calendrier, la Messine 45-8 Energy a levé 1,3 millions d’euros par des investisseurs privés en capital risque. C’était le 12 juin dernier. Toujours à Metz, Fair And Smart et Defymed avaient respectivement levé 2,2 et 1,8 millions d’euros. Pour la première, le tour de table était composé particulièrement d’ILP Innovation, Yeast, Bpifrance et de business angels. Pour la seconde, plusieurs investisseurs, dont Capinnov Est et Bpifrance. Les quatre startups ont vu le jour de 2013 à 2017. Finalement, leur problématique rejoint celles des PME : mettre en place et finaliser les processus de l’entreprise, gérer efficacement les ressources humaines et financières. Avec un fil rouge : faire fi de toute improvisation dans les étapes de développement de la vie de l’entreprise.