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La micro-entreprise mosellane a le vent dans les voiles, mais...

5 223. C’est le nombre de micro-entreprises créées en Moselle sur les neuf premiers mois de l’année. Un record en la matière dans le département. Cette donnée positive dévoile des réalités disparates. La tendance et surtout les créations peuvent-elles s'inscrire dans un temps long et se muer en modèle économique viable ? Éléments de réponse.

Pour beaucoup, la micro-entreprise se présente comme une alternative professionnelle dans le contexte de la crise.
Pour beaucoup, la micro-entreprise se présente comme une alternative professionnelle dans le contexte de la crise.

66 %. C’est le taux de micro-entreprises dans le total des entreprises créées dans le département depuis janvier dernier. Les données de l’Insee sont parlantes et dévoilent une vague qui ne retombe pas. En septembre, le nombre grimpait à 5 223 entités de ce type. Sur la même période c’était 3 795 en 2020, 3 013 en 2019, 2 340 en 2018 et 1 993 en 2017. Depuis l'avènement de ce statut sous l’appellation originelle d'auto-entreprise, la hausse des créations est régulière, et la pandémie ne l’a pas stoppée. Bien au contraire. On rappellera ici son principe de base : ce statut correspond en réalité au régime simplifié de l'entreprise individuelle (EI). Les procédures administratives de création sont simplifiées, tout comme les obligations fiscales et sociales. 

Une disparité de profils

Lancé en 2009, le régime a démocratisé le statut de travailleur indépendant en France pour le rendre accessible à tous types de profils et de besoins. De ce fait,  un micro-entrepreneur peut l'exercer à titre principal ou complémentaire, en étant par ailleurs salarié, étudiant, retraité, demandeur d'emploi.  C'est en partie pour cela que le statut a aujourd'hui tant de succès. Comment alors expliquer ce boom des créations de micro-entreprises depuis le début de la crise sanitaire, si visible en Moselle ? La réponse se situe au carrefour entre volonté d’indépendance et entrepreneuriat contraint. En effet, la solution de la micro-entreprise apparaît parfois comme une solution de dernier recours pour faire face à une impasse professionnelle. Ainsi, les mois passés ont vu nombre d’étudiants perdre leur emploi d’appoint.  De même pour les personnes au chômage, en chômage partiel ou les jeunes diplômés pour qui la crise sanitaire a compromis leur activité ou leurs projets.

Une protection améliorée

Attention, toutefois, la micro-entreprise n’est pas épargnée par la situation actuelle. En effet, beaucoup ont vu la situation pandémique avoir une conséquence directe, avec une baisse des demandes de prestations ou tout simplement leur annulation. Lors de cette période inédite, le gouvernement a néanmoins mis en place des mesures provisoires pour pallier les difficultés rencontrées par les micro-entrepreneurs : fonds de solidarité, aide aux stocks, chèque numérique ou encore exonérations de cotisations sociales...  Depuis le 1er juillet 2021, tous les micro-entrepreneurs libéraux ont le droit à des indemnités journalières.  Avec également un accès aux congés maternité et paternité. Celui-ci est de 56 à 112 jours pour les femmes, au même titre que les salariées. Le congé paternité, lui, présente une nouveauté  : les jeunes pères ont désormais le droit à 25 jours contre 11 avant la mise en place de la loi.  Enfin, une évolution est également en cours pour le chômage. Si les micro-entrepreneurs peuvent d'ores et déjà cumuler leurs ARE (Aides au Retour à l'Emploi) avec la création de leur activité, ils n'avaient jusque-là aucune assistance en cas d'arrêt de leur micro-entreprise.  Il ne s'agit pas d'aides au chômage à proprement parler car un micro-entrepreneur ne cotise pas pour cela.

Atomisation de l'entrepreneuriat ?

Cependant, la loi «Avenir Professionnel» permet une indemnisation jusqu'à 800 € par mois selon certaines conditions. C'est ce que l'on appelle l'Allocation des Travailleurs Indépendants (ATI).  Pour en bénéficier, il faut par exemple que la cessation d'activité ait fait l'objet d'une liquidation judiciaire ou d'une procédure de redressement judiciaire et avoir touché au moins 10 000 € de revenus grâce à elle.  S'ils ne remplissent pas les bonnes conditions, les micro-entrepreneurs ne perçoivent aucune indemnité.  Au regard de l’accélération de la courbe des micro-entreprises en Moselle, on peut légitimement se poser la question. Outre l’effet crise, cela ne correspond-t-il pas à une atomisation de l’entrepreneuriat, tant les profils et les motivations de ces néo-chefs d’entreprise sont hétéroclites ? Ces nouvelles activités, dans leur diversité, peuvent-elles s’inscrire dans un temps long ? Les mois à venir donneront de précieux indices, sur cette réalité du moment. Sera-t-elle celle de demain ?


Qui sont les micro-entrepreneurs ? 

Il existe trois catégories de professions dans le régime de micro-entrepreneur : commerciale, artisanale et libérale. Certains secteurs ne sont pas compatibles avec ce statut, comme les professions médicales (médecin, infirmier, vétérinaire), agricoles (paysagiste, jardinier) ou artistiques rémunérées par le droit d'auteur.