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La grande question de l’absentéisme en entreprise dans l'impact Covid

Voilà un panorama santé qui intéressera les chefs d’entreprise, managers et chefs d’équipe en Moselle. Un faisceau d’enquêtes rendues publiques cet été et en cette rentrée converge sur un constat national : le taux d’absentéisme des salariés français est en constante augmentation depuis sept ans. Pourquoi ? Avec quelles conséquences ? Quelle part de l’effet Covid ? Éléments de réponse.

Si en 2021, le nombre d'arrêts maladie a un peu reculé, leur durée a tendance à augmenter.
Si en 2021, le nombre d'arrêts maladie a un peu reculé, leur durée a tendance à augmenter.

Les mots récurrents dans le monde du travail sont actuellement «grande démission» et «quiet quitting - démission silencieuse - », sans qu’on en mesure exactement la définition précise et l’ampleur. Plus classiquement, la mesure de l’absentéisme en entreprise est un meilleur baromètre pour prendre le pouls de la santé des collaborateurs. Celui sur l’Absentéisme et l’Engagement AymingAG2R La Mondiale livre des constats et des chiffres fort intéressants, parfois éloquents. Ainsi, cet absentéisme dans les entreprises a reculé de 10 % à 22,6 jours d’absence par an et par salarié de 2020 à 2021. Une baisse à mesurer avec prudence car elle se situe un an après le pic de la crise de la Covid-19. Car la tendance est à la hausse depuis plusieurs années. Depuis 2015, l’absentéisme a bondi de 36 %. En 2016, le taux d’absentéisme était de 4,6 % avec 16,8 jours d’absence par an et par salarié contre 6,19 % en 2021.

Les RPS liés à la Covid-19

L’an passé ; 45 % des arrêts concernaient des causes professionnelles (accidents de travail, maladies professionnelles, burn-out), avec une augmentation sensible des épuisements professionnels. Ce dernier point est préoccupant : 36 % des salariés interrogés estimaient que leur travail avait un impact sur leur santé. Selon l’étude, moins le salarié s’investit dans l’entreprise, plus il est absent : 34 % des salariés engagés se sont absentés contre 55 % des salariés moins impliqués. Pour l’entreprise, cela a un coût. 1 % d’absence est estimé à 1 % de la masse salariale, soit 15 % de pertes sur la marge. Si le taux d’absentéisme s’est un peu replié en 2021, après une année 2020 hors normes, il n’empêche, les conséquences semblent s’inscrire dans la durée. En termes de santé, deux principaux dommages collatéraux de la pandémie sont clairs. Le premier observé est un alourdissement de la charge mentale, tant collectivement qu’individuellement. Cela s’est traduit par une augmentation des arrêts pour raisons de risques psychosociaux (RPS). L’éloignement, voire l’isolement, social, l’incertitude sur l’avenir, un contexte de crise durable particulièrement anxiogène sont les causes directes. L’autre dommage est la conséquence d’une année 2020 marquée par de mauvaises postures dues au télétravail obligatoire et non organisé, ainsi que par moins d’activités physiques avec les fermetures des clubs et infrastructures sportives. Une accentuation des troubles musculo-squelettiques a provoqué de la consommation santé supplémentaire (kiné, ostéopathe…).

Des causes souvent mésestimées

En 2021, les arrêts maladie compris entre 6 et 90 jours pesaient 67 % des arrêts, contre 51 % en 2019. Les centres d’appels, les transports, la grande distribution et le commerce sont les plus concernés, comme le secteur de la santé. Les professionnels de l’immobilier, de la formation, de la finance, des technologies, de l’information semblaient être moins impactés par les arrêts. En excluant les arrêts pour maternité, les femmes apparaissent plus touchées que les hommes. L’âge a également un impact sur le taux d’absentéisme. Lequel croît de manière constante chez les hommes de plus de 30 ans. Parmi le faisceau de données, souvent concordantes, quant à ce phénomène de société, il ressort des éléments à ne pas négliger. Les absences des non-cadres étaient en 2021 de 2,5 fois à celles des cadres. L’enquête OCIRP «les chiffres clés sur les aidants en France», révèle un fait peu mis en avant. Si la charge de famille explique une partie de l’absentéisme des 30/40 ans, devoir aider un proche plus âgé dépendant est à prendre en compte. 80 % des salariés et proches aidant ont 40 ans et plus : 58 % sont des femmes. Si les secteurs professionnels attestent d’une baisse sensible de l’absentéisme depuis la fin des vagues de confinements et l’allègement des mesures sanitaires, une augmentation de 37 % depuis 2017 interpelle. Dans une période où le rapport au travail n’est plus le même pour pléthore de salariés, où la quête de sens est réelle, il demeure une évidence. L’absentéisme au travail dû à une maladie effective doit être vu comme un vrai problème de santé publique. Les réponses se situent au cœur même de l’entreprise et concerne tout son écosystème. Le minorer, c’est devoir assumer des conséquences humaines, sociales et économiques de première importance et aux effets systématiques.