La chaleur de Bahia

Un cadre aux couleurs sud-américaines avec les célèbres bracelets «Senhor do Bonfim», très populaires à Bahia.
Un cadre aux couleurs sud-américaines avec les célèbres bracelets «Senhor do Bonfim», très populaires à Bahia.

La carte est une invitation au voyage. Les noms des plats plus exotiques les uns que les autres affolent nos papilles. À cela s’ajoute la musique brésilienne envoûtante, ensorcelante… La Boteco do Brasil est le nouveau temple de la cuisine brésilienne à Nancy (au 4 rue Braconnot). Elle nous fait oublier l’hiver lorrain et ses nuits interminables pour nous emmener jusque Salvador de Bahia, la Rome Noire du Nord-Est du pays, ville d’origine de la cheffe Iracema Dos Reis.

Il suffit de pousser la porte d’entrée pour changer de continent. La Boteco do Brasil ne cache pas ses origines. Murs colorés, panneaux en bois tressés, sols et meubles couleur ébène, le Brésil est bien là avec son métissage, sa musique, sa culture et surtout sa cuisine. La cuisine justement, parlons-en. Comme souvent, c’est une histoire de femmes. En l’occurrence celle d’Iracema Dos Reis. Native de Salvador de Bahia, elle est arrivée en France à l’âge de 15 ans. Une arrivée brutale à Strasbourg, là où les hivers sont plus longs que n’importe quelle plage bahianaise. Iracema a la nostalgie de son enfance, de l’époque où sa grand-mère, restée au pays, s’occupait d’elle pendant qu’elle faisait la cuisine. Elle décide d’en faire son métier. Après un apprentissage dans un grand restaurant strasbourgeois, Iracema ouvre sa propre affaire. Aujourd’hui, c’est à Nancy qu’elle a installé ses fourneaux pour faire danser ses marmites sur un air de Bossa-Nova, musique chère à Gilberto Gill, autre natif de Bahia.

Coxinha et Xinxim de poulet

La carte du restaurant est à l’image de la cheffe : colorée et pétillante. N’oublions pas que la cuisine de Bahia est la plus riche du Brésil, la plus élaborée et surtout la plus diversifiée. Elle résume à elle seule l’histoire du pays. C’est en effet à Bahia que le Brésil portugais est né au XVIe siècle. Il en résulte un curieux mélange où l’Afrique et l’Europe cohabitent. D’un côté le continent africain avec le manioc, notamment, que l’on retrouve dans les aipim fritos, frites de manioc, en entrée, de l’autre le Portugal et ses ragoûts comme la feijoada, plat national brésilien préparé à base de haricots noirs et de viandes fumées, sans oublier l’Asie et son lot d’épices. Tout ce melting pot culinaire s’invite à la table de la Boteco do Brasil pour notre plus grand plaisir. Entre la traditionnelle feijoada, la moqueca, mijoté de poissons ou de gambas au lait de coco, tomates, poivrons et coriandre et le xinxim de galinha, plat afro-brésilien au poulet citronné, sauce cacahuète, petites crevettes séchées et gingembre, notre palais n’aura que l’embarras du choix. Sans oublier les douceurs, pour terminer sur une note sucrée (très sucrée même, car les brésiliens en raffolent) avec par exemple les redoutables, quindim, flan à la noix de coco. Pour faire passer le tout, rien ne vaut une caipirinha très rafraîchissante, même en plein hiver. J’en ai compté cinq différentes à la carte. Toutes sont bien sûr à consommer avec modération comme le recommande la législation…