Innovation : Les nouvelles tendances cosmétiques, une chance pour les TPE ?

Les nouveaux modes de consommation gagnent aussi la cosmétique. Un label, «Slow cosmétique» distingue les entreprises dont la démarche va dans ce sens.
Les nouveaux modes de consommation gagnent aussi la cosmétique. Un label, «Slow cosmétique» distingue les entreprises dont la démarche va dans ce sens.

Écologie, éthique… les nouveaux modes de consommation gagnent aussi la cosmétique. Un label, «Slow cosmétique»  distingue les entreprises dont la démarche va dans ce sens. Une opportunité pour des TPE de trouver un nouveau marché.

Est-ce écologique ? Éthique ? Sain ?… Aucun produit n’échappe plus à ces  préoccupations croissantes des consommateurs, un changement qui laisse leur chance à de petites entreprises qui utilisent des ingrédients locaux. Labels nouveaux et appellations se multiplient, à l’image de «Slow Food», qui plaide pour un type d’alimentation basée sur les circuits courts, gage d’écologie, de développement économique local et de rapports sociétaux de proximité. C’est dans le sillage de ce mouvement qu’en 2013, Julien Kaibeck a créé une association consacrée à la «Slow cosmétique». Le 21 janvier, à Paris, il présentait les grands principes du label ainsi que les témoignages de petites entreprises qui ont choisi d’y adhérer. La démarche est conçue autour de «quatre piliers» résume son initiateur. «Nous trouvons que la cosmétique devrait être écologique», démarre Julien Kaibeck. Le secteur est en effet loin d’être exemplaire dans le domaine, comme le montre l’exemple des microbilles de plastiques contenues dans des dentifrices, qui terminent leur course dans l’océan. Deuxième point, «la cosmétique, on la veut saine», poursuit le président de l’association. Sur ce sujet, le label «bio» est déjà très en pointe, reconnaît Julien Kaibeck, qui veut aller plus loin. Sur les ingrédients autorisés dans les formulations, sa charte va au-delà de la législation pour appliquer un principe de précaution. «Nous ne disposons pas d’études sur les interactions entre les produits. Or, une Française en utilise jusqu’à neuf par jour», pointe Julien Kaibeck. Troisième et quatrième piliers «là où nous apportons du nouveau, c’est sur une démarche qui soit à la fois intelligente et raisonnable (…) Il s’agit d’éviter des démarches marketing poussées très loin dans le but d’augmenter les prix ou des offres commerciales croisées, conçues  pour faire acheter plusieurs produits», précise le responsable. À l’inverse, le mouvement encourage des modes de consommation alternatives. Exemple, les produits multi-usages, comme un gel à l’aloé vera qui peut démêler les cheveux et apaiser la peau, après le soleil. Autres exemples, le «zéro déchet», avec les shampoings solides, et la fabrication par le consommateur de ses propres produits.

Des TPE trouvent un public ciblé

Un bel avenir attend ce type de consommation, à en suivre une étude Harris Interactive de novembre dernier, commanditée par «Slow Cosmétique». Déjà, une Française sur cinq connaît ce principe, une proportion qui  monte à une sur quatre, chez les 18 à 24 ans. Et elles sont plus de huit sur dix à estimer que cette tendance représente l’avenir du secteur. Côté producteurs, le label «Slow cosmétique» a été adopté par 219 marques présentes dans une dizaine de pays, d’après l’association. En France, leur circuit de distribution est diversifié. Rares sont celles qui sont présentes dans les rayons des grandes surfaces, comme Fun’Ethic, petite marque alsacienne. Quelques-unes sont référencées chez Monoprix ou aux Galeries Lafayette. Par ailleurs, le label a déployé une quarantaine de «corners», dans des parapharmacies et au sein du réseau Biocoop. «C’est peu, mais c’est un début», commente Julien Kaibeck. Depuis 2015, l’association a également développé une «market place collaborative» où sont actuellement distribués 4 000 produits de 140 artisans. «Il existe de nombreuses pépites en France, en  Espagne, en Italie, ou en Belgique, mais elles sont très peu connues. Le label participe à les faire connaître (…). Nous pensons que c’est une troisième voie pour elles, car la certification bio représente un certain coût», note Julien Kaibeck. «Le label nous a apporté beaucoup de visibilité et des contacts avec les esthéticiennes», confirme la représentante de Realia, une TPE corse qui réalise des produits cosmétiques à base de romarin et clémentine, notamment. Parmi les autres TPE venues témoigner figurait l’Atelier Populaire, qui fabrique un savon à froid, le «pavé parisien», dans la capitale. Ou encore  Symphytum, qui propose des crèmes à base de consoude, une plante aux propriétés, notamment, hydratantes et régénérantes. En Bretagne, avec son mari, Laure Le Berre cultive cette plante dont elle assure également l’extraction. Elle a obtenu le label «Slow cosmétique», il y a un an. «Lorsque j’ai lu la charte, cela a résonné comme une évidence. Par rapport à ma démarche, le bio ne suffisait pas, il manquait la dimension éthique, avec les circuits courts et des ingrédients nobles», explique Laure Le Berre, dont la marque est distribuée dans la région. Elle n’ambitionne pas de rejoindre les rayons de la grande distribution, préférant appliquer le «slow» à sa démarche entrepreneuriale.

Anne DAUBRÉE