Divacore : la bête de sons…

La société messine Divacore vient de voir sa dernière enceinte nomade sans fil classée numéro un par le site et magazine professionnel 01Net devant les majors du secteur du son. Cette nouvelle reconnaissance internationale, l’entreprise avait déjà été classée cinquième il y a deux ans, pourrait enfin faire véritable caisse de résonnance dans l’Hexagone où la société est soutenue depuis très peu de temps. Rencontre avec David Grasso, le créateur de cette petite pépite lorraine digne de la French Touch.

David Grasso, le créateur de Divacore à Metz: «La conception est 100 % lorraine»
David Grasso, le créateur de Divacore à Metz: «La conception est 100 % lorraine»
David Grasso, le créateur de Divacore à Metz: «La conception est 100 % lorraine»

David Grasso, le créateur de Divacore à Metz: «La conception est 100 % lorraine»

Les premiers accords mythiques pour tous les puristes de Metal, de Hard Rock et de «One» du groupe Metallica s’étiolent dans un son cristallin et limpide surgissant d’une petite boîte blanche rectangulaire au design épuré, affichant les 101 dB de puissance sonore au compteur. La mélodie «métalleuse» émane d’un téléphone portable standard connecté Bluetooth à l’enceinte portative. Rare de percevoir un son si neutre et d’une qualité audio optimale en provenance d’un objet nomade. L’effet est saisissant pour celui qui a une certaine oreille et la démonstration installe alors une toute autre ambiance à l’espace bar feutré d’un hôtel étoilé du technopôle messin. Rien d’étonnant que la Divacore Ktulu II (c’est son nom de guerre), sortie tout droit des têtes pensantes de la société messine Divacore, se classe sur la première marche du podium de 01Net (magazine et site de référence du hightech), dans la catégorie «Enceintes nomades». Ktulu, une dénomination en référence à la créature divine extraterrestre de la tribu des Grands Anciens de l’auteur américain Love-craft au début du siècle dernier et à son mythe quasi-culte pour les fanas de science-fiction. C’est une partie de l’univers de David Grasso, le créateur de Divacore en 2011 et de Jérémy Briot, un duo genre «la tête et les jambes» aujourd’hui renforcé par toute une équipe de passionnés lorrains et d’investisseurs régionaux, dorénavant présents depuis que la machine est réellement lancée et commence à être reconnue dans le milieu.

Business model adapté

«À l’époque j’avais des dreadlocks et je bourlinguais dans les festivals Rock et Metal. Guitariste, j’étais toujours à la recherche de matériels optimum pour avoir un bon son», assure ce diplômé de l’Esstin (École supérieure des sciences et technologies de l’ingénieur). Fort d’une expérience chez IBM, Dell, Kodak ou dans la sphère des jeux vidéo comme vendeur, responsable des achats. Il maîtrise alors le sourcing dans les pays d’Asie, lance de nouvelles marques et apprend les ficelles des relations avec les distributeurs. Les formations en achat, logistique et marketing en poche, le Messin part à la quête du meilleur des composants que l’on peut trouver sur le marché. Il les repère principalement aujourd’hui en Chine. «Nous concevons tout de A à Z en interne, nous choisissons le meilleur et faisons assembler le tout en Chine avant de faire revenir le tout en France.» Un business model basé sur le rebranding, créer une marque en reprenant les meilleures idées et en les adaptant, additionné à du benchmarking en tirant le meilleur de l’existant du marché. Les enceintes portables made in Lorraine (au niveau de la conception) à moins de 100 euros font le buzz dans le milieu du son. Déjà en mars 2013, la Ktulu version I se place en cinquième position des meilleures enceintes du monde toujours par 01Net. Reste à l’époque le problème de la levée de fonds, la banque de Daniel Grasso a du mal à suivre : «nous avions des commandes fermes à livrer pour de grands noms de la distribution.»

La Master arrive…

Un appel du pied dans les médias locaux et nationaux change un peu la donne. En juillet 2014, Divacore est soutenue par des investisseurs lorrains, «ils sont neuf au total aujourd’hui.» La Banque Publique d’Investissement (BPI) et le Conseil régional de Lorraine y participent et solidifient le projet. «Cela a été une période difficile car je n’ai pas été soutenu au moment où il le fallait le plus à savoir au début de l’ascension du produit», évoque Daniel Grasso avec une certaine déception. Aujourd’hui, la machine Divacore fonce comme un bulldozer sur un marché estimé à plus de 20 milliards d’euros. Le Messin et sa bande affichent la quasi même stratégie des grands du hightech, la passion en plus. La communication est ciblée, le business model éprouvé, les chaînes de conception maîtrisées. Aux ventes sur le web s’additionnent celles dans les boutiques de musique où les magasins «tendances» de culture urbaine en passant par les centrales européennes et des distributeurs plus classiques. Les maîtres de l’audio connecté sortiront dans quelques mois (au deuxième trimestre normalement) une nouvelle enceinte baptisée «Master»… cela ne s’invente pas ! Avec les Messins de Divacore, la French Touch semble avoir trouvé un sérieux client. Reste juste à ouvrir les yeux, tendre l’oreille et s’en rendre réellement compte.